Kinésithérapie respiratoire : un pilier essentiel pour les patients.
- 24 nov.
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Les maladies respiratoires représentent aujourd’hui l’un des enjeux majeurs de santé publique. En France, plus de 10 % de la population souffre d’une pathologie respiratoire chronique : l’asthme touche environ 4 millions de personnes, tandis que la BPCO concerne près de 3,5 millions de patients.
Ces affections altèrent la capacité fonctionnelle, génèrent de la dyspnée, diminuent la qualité de vie et entraînent un recours fréquent aux soins.
Dans ce contexte, la kinésithérapie respiratoire s’impose comme un traitement incontournable. Validée scientifiquement et soutenue par les recommandations nationales (HAS) et internationales (American Thoracic Society), elle contribue à améliorer de manière significative les symptômes, la fonction respiratoire et l’autonomie des patients.
Qu’est-ce que la kinésithérapie respiratoire ?
La kinésithérapie respiratoire regroupe un ensemble de techniques visant à améliorer la fonction ventilatoire et la qualité de vie.
Elle consiste à optimiser la ventilation, faciliter l’évacuation des sécrétions, réduire la dyspnée et restaurer la capacité fonctionnelle.
Pour atteindre ces objectifs, le kinésithérapeute utilise différentes approches incluant :
▶️ Techniques de désencombrement bronchique,
▶️ Entraînement des muscles respiratoires,
▶️ Exercices ventilatoires,
▶️ Ré-entrainement à l’effort,
▶️ Oxygénothérapie,
▶️ Aérosolthérapie,
▶️ Gestion de la ventilation non invasive (et parfois invasive),
▶️Éducation thérapeutique,
▶️Stratégies d’autogestion.
Dans certains cas, notamment chez les insuffisants respiratoires sévères, un soutien ventilatoire peut être ajouté pour optimiser la performance durant les séances.
La réhabilitation respiratoire désigne quant à lui un programme pluridisciplinaire, impliquant kinésithérapeutes (respiratoires), pneumologues, généralistes, éducateurs APA et d’autres professionnels.
C’est cette approche globale qui explique en grande partie son efficacité.
Quelles pathologies sont concernées ?
La kinésithérapie respiratoire s’adresse à un large éventail de patients souffrant de pathologies respiratoires chroniques.
Elle est particulièrement indiquée dans la BPCO, l’asthme sévère, les bronchectasies, les fibroses pulmonaires (ILD), la mucoviscidose de l’adulte ou encore l’insuffisance respiratoire chronique.
Elle intervient également dans des contextes plus spécifiques : après une exacerbation de BPCO, en préparation ou en récupération d’une chirurgie thoracique, dans le cadre du long COVID, ou encore lors de désadaptations à l’effort liées au vieillissement.
Ce que montre la science récente
Les études publiées ces dernières années renforcent la place incontournable de la réhabilitation respiratoire.
Un des traitements les plus efficaces
La méta-analyse majeure de Ward et al. (Lancet EClinicalMedicine, 2025), portant sur 337 études et plus de 19 000 patients BPCO, confirme que la réhabilitation respiratoire :
réduit la dyspnée,
améliore la capacité d’exercice,
augmente la qualité de vie,
et ce, quel que soit le niveau de sévérité de la maladie.
Une intervention essentielle après exacerbation
Une revue publiée dans Thorax (2024) montre que débuter la réhabilitation respiratoire précocement après une exacerbation améliore les performances fonctionnelles et réduit le risque de ré-hospitalisation, un enjeu crucial pour la BPCO.
Les nouvelles recommandations internationales
L’American Thoracic Society (ATS) rappelle en 2023 que la réhabilitation respiratoire doit être proposée à un large éventail de patients : BPCO, asthme sévère, fibrose pulmonaire, bronchectasies, long COVID et chirurgie thoracique.
Ces recommandations placent clairement la kiné respiratoire au cœur de la prise en charge moderne.
L’entraînement musculaire respiratoire (IMT)
Les recherches 2024–2025 soulignent l’intérêt de l’IMT pour renforcer la force inspiratoire, améliorer la consommation d’oxygène (VO₂), diminuer la dyspnée et favoriser l’autonomie, notamment chez les patients présentant une insuffisance respiratoire.
Le rôle concret du kinésithérapeute
La kinésithérapie respiratoire repose sur une expertise spécifique et une approche individualisée.
Évaluation initiale :
En sus de l’approche globale réalisée de manière transversale par chaque kinésithérapeute quelque soit leur spécialité, les kinésithérapeutes respiratoires réalisent un bilan spécifique comprenant les éléments suivants :
qualité des échanges gazeux,
intensité de la dyspnée,
qualité de vie, capacité fonctionnelle (ex : test de marche 6 minutes),
schéma respiratoire,
force musculaire, et
niveau d’encombrement bronchique.
Cette évaluation oriente le choix des techniques et la construction du programme.
Techniques utilisées :
Sans être exhaustif, celles-ci peuvent inclure :
les techniques de désencombrement (drainage autogène, ACBT, ELTGOL),
les systèmes PEP/OPEP,
la ventilation dirigée,
les exercices de renforcement,
l’entraînement musculaire respiratoire,
le ré-entrainement cardio-respiratoire, ou encore
des stratégies d’auto-gestion (pacing, positions de récupération, gestion des efforts).
Rôle éducatif :
Le kinésithérapeute accompagne le patient dans l’apprentissage des techniques, la compréhension de sa maladie, la gestion de la dyspnée et l’amélioration de l’observance.
Cette dimension éducative est cruciale pour la réussite du traitement.
La kinésithérapie respiratoire est aujourd’hui une compétence essentielle pour répondre à l’augmentation des pathologies respiratoires.
Les preuves scientifiques sont solides :
✔️ elle améliore la capacité fonctionnelle,
✔️ réduit la dyspnée,
✔️ diminue les hospitalisations,
✔️ et favorise l’autonomie des patients.
Pour les professionnels de santé, se former à la kinésithérapie respiratoire représente un véritable levier d’expertise, permettant de proposer une prise en charge moderne, efficace et fondée sur les preuves.




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